� Le propre
de l�Op�ra est de tenir les esprits, les yeux et les
oreilles dans un �gal enchantement � �non�ait
d�j� La Bruy�re. Le 15 ao�t 1867, on d�couvre la
fa�ade du palais Garnier avec sa d�coration
polychrome. Depuis lors, sculptures, groupes,
m�daillons all�gories, motifs, fresques, peintures,
mosa�ques n�ont cess� d�enrichir l�Acad�mie Royale
de Musique � cr��e en 1669 par Louis XIV � pour lui
redonner son lustre d�antan (l�actuel �tant �teint
depuis 1937).
Les peintres Baudry, Lenepveu, Boulanger, Clairin,
Harpignies, Pils, Hubert Robert, Delaunay, Barrias,
Chagall rivalisent d�invention avec les sculpteurs
Falgui�re, Gumery, Chapu, Carrier Belleuse,
Schoenewerk , Alasseur, Cavalier, Salmson, Bouchard
ou Carpeaux. Le visiteur japonais d�aujourd�hui,
dans son Tour du Monde en huit jours (lui pardonne
Jules Verne, secr�taire g�n�ral de l�Op�ra de
Paris !) et le Hilly-Billy du fin fond des
Etats-Unis, guitare sagement laiss�e � la maison,
contemplent du m�me regard amus� le groupe de la
Danse, les bustes de Gounod et de Garnier tels que
sortis tout droit de l�atelier de Carpeaux que l�on
peut voir Boulevard Exelmans, � deux pas du Pont de
Garigliano.
Ces amoureux napolitains s�arr�tent d�instinct
devant les mosa�ques de Salviati qui ornent l�avant
foyer � attendre peut-�tre le O sole mio de leur
Caruso.
Bourguignons et
Bigourdans s��merveillent en retrouvant pierre de
Ravi�res et marbre sarrancolin. Les admirateurs du
modeste Ang�lus l�vent un regard �tonn� vers le
colossal Apollon � la lyre d�Aim� Millet et se
demandent quelle Walkyrie le P�gasse de Lequesne
s�appr�te � emporter vers le grand Walhalla.
De bronze sont les cand�labres sign�s
Carrier-Belleuse, de bronze la Pythonisse de
Marcello ; d�airain �tait la voix de Norma
lorsqu�elle serrait la gorge de Maria Callas
devant un parterre de Gaulois blas�s du Tout
Lut�ce 1964 ou �treignait le c�ur des spectateurs
de l�Op�ra Roumain lors du Concert Exceptionnel,
Hommage � Leonid Brejnev du 15 novembre 1982.
Existerait-il D�butante qui jamais n�ait r�v� de
gravir les marches de marbre blanc du Grand
Escalier (balustrades d�onyx d�Alg�rie, 10m de
large � la base) entre deux rang�es de Gardes
R�publicains fig�s sabre au clair, au bras de
quelque roide polytechnicien � bicorne avant de
demander aux Saint-Gobain du Grand Foyer, si
vraiment elle ne serait pas plus belle que la plus
belle des h�ro�nes du compositeur de Tha�s.
Ne sont-ils pas �mouvants ces Phil�mon et Baucis
qui s��garent sur la rampe qui m�ne au Pavillon
d�honneur (celui de l�Empereur, devenu au fil des
ans Mus�e Biblioth�que) pour aller saluer les
bustes de Gluck, Wagner, Debussy, Chabrier,
Saint-Sa�ns, Enesco ou s�incliner devant la toute
premi�re des grandes A�da, une chanteuse du
Pharaon Tak�lotis momifi�e dans son sarcophage,
eux qui h�berg�rent la charmante Ninon Vallin dans
leur bungalow de Sydney du temps de la tourn�e de
la grand cantatrice fran�aise aux antipodes ?
Point pour eux d�sormais les 80.000 volumes,
100.000 dessins, affiches , livrets, programmes,
dossiers concernant �uvres, interpr�tes,
compositeurs ou partitions de tous les ouvrages
donn�s depuis 1669 ; mais il s�arr�teront
cependant devant les portraits de Madeleine
Guimard, de Pauline Viardot, de Richard Wagner (ce
dernier peint par Renoir et auquel Cosima pr�f�ra
toujours le fusain de Von Lenbach qui illustre le
programme de l�historique Concert Wagner dans les
murailles du Ch�teau de Monts�gur, Comt� de Foix
du 15 juillet 1984)�
� Adieu notre petite table � se
prendront � murmurer les passionn�s de la Manon de
Massenet devant la table-piano du ma�tre
st�phanois, cette Vestale de l�amour que n�aurait
pas d�savou�e le prot�g� de l�imp�ratrice
Jos�phine :
Spontini, dont nous admirons ici le piano.
De la Malmaison � St - Peters bourg, les chaussons
de Diaghilev (offerts par Serge Lifar) nous
redisent l�heureuse �poque o� la Grand Arm�e des
Arts r�vait d�un m�me Petitpas avant que la
Mireille de Gounod et de Mistral, de la sainte
Russie � la fi�re Roumanie, tant dans sa version
fran�aise que dans sa cr�ation proven�ale � la
Patti et la Vaillant aidant � ne soul�ve unanime
enthousiasme �
1875 : L�Op�ra Garnier est enfin inaugur�
(les travaux avaient �t� abandonn�s pendant la
guerre de 1870) en la pr�sence du Mar�chal de Mac
Mahon et Madame, du Lord Maire de Londres, de Sa
Majest� le roi Alphonse XII d�Espagne et sa m�re
Isabelle, de Sa Majest� le roi de Hanovre, du
Bourgmestre d�Amsterdam et de quelques autres
grands noms. Charles Garnier, dit-on, d� payer sa
place et se retrouva perdu dans quelque recoin des
cinq �tages de loges dominant la magnifique salle
� l�italienne, rouge et or, avant de se voir
appel� au rang des officiels par Mac Mahon
soi-m�me.
Le Temple dress�, les d�cors plant�s, l�acoustique
�prouv�e (et quelle acoustique !) en ce mardi
5 janvier 1875 � 8 h comme le pr�cise l�affiche,
le spectacle pouvait commencer et il commen�a par les
1 er et 2�me actes de La Juive (Hal�vy Scribe)
avec Mesdames Krauss et Belval, Messieurs
Villaret, Belval, Bosquin, Gaspard ; les
3�mes et 4�mes actes de Hamlet (Ambroise Thomas,
Carr� et Barbier) avec Mesdames Gueymard-Lauters,
Nilsson- Rouzeaux, Messieurs Faure, Gailhard,
Bataille, Dieu.
Venait ensuite La F�te du Printemps puis la sc�ne
de l�Eglise de Faust (Gounod, Barbier, Carr� )
l�un des endroits les plus poignants de la
partition avec Mme Nilsson-Rouzeaux dans le r�le
de Marguerite et M. Faure. Le ballet La Source (1
er tableau du 2 �me acte) et l�ouverture de La
Muette de Portici, mettaient un terme � cette
grandiose soir�e. Le spectacle pouvait donc
continuer.
Mais d�s ce d�but, les difficult�s �conomiques
vont rendre l�exploitation du Palais Garnier bien
difficile.
Il ne sera pas sans int�r�t pour le public contemporain de se faire une id�e du tableau des
recettes et des d�penses de notre premi�re sc�ne
nationale au cours des dix premi�res ann�es de
cette exploitation.
Charles Garnier vivra jusqu�en 1898. A d�faut
d�obs�ques nationales comme pour Meissonnier et
Gounod, le gouvernement enverra 500F � sa famille.
Charles Garnier n�avait pas plus appris les
mani�res de la R�publique qu�il n�avait su celles
de la Cour.
Claude d�Esplas
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The Palais Garnier
From Haussman�s accounts to Hoffmann�s tales
� � The Opera�s specificity and purpose is to hold spirits, ears and eyes equally
mesmerised�, wrote La Bruy�re (in the seventeenth century). On the 15th of August, 1867,
the front of the Palais Garnier, with its variegated ornaments, is unveiled. Since then
sculptures, groups, allegorical medallions, motifs, frescoes, paintings, and mosaics have
continuously kept on enriching the Royal Acad�mie of Music - created in 1669 by Louis
the XIVth - in order to restore its former glory (the current one being unlit since 1937).
The painters Baudry, Lenepveu, Boulanger, Clairin, Hapignies, Pils, Hubert Robert,
Delaunay, Barrias, and Chagall, outdo themselves with their inventiveness, rivalling that of
the sculptors Falgui�re, Gumery, Chapu, Carrier Belleuse, Schoenewerk, Alasseur,
Cavalier, Samson, Bouchard and Carpeaux. Today�s Japanese visitor, in the course of his
trip around the world in eight days (may Jules Verne, general secretary to the Paris Opera,
forgive him!), and the Hilly-Billy from the far end of the United States, having kindly left his
guitar at home, stare with shared amusement at the sculpted Dance group, or at the
busts of Gounod and Garnier looking as if they were fresh out of the Carpeaux workshop,
which can be seen Boulevard Exelmans, a stone�s throw away from the Garigliano bridge.
Here Napolitan lovebirds instinctively stop before the Salviati mosaics which
decorate the front foyer, waiting perhaps for the �O sole mio� of their very own Caruso.
Bourguignions and Bigourdans are filled with amazement when they run into Ravi�res stone
and Sarrancolin marble. The admirors of the humble Ang�lus lift a curious eye to the
colossal Apollo bearing an Aim� Millet lyre and wonder, which Walkyrie will Lequesne�s
Pegassus carry away to the great Walhalla.
The Carrier-Belleuse candelabras are bronze, the Marcello Pythonisse is bronze
also; and brazen was the voice of Norma when it tightened Maria Callas� throat before a
floor of blas� Gauls, the cream of 1964 Lutecia, or When it wrung the hearts of the
Romanian Opera�s audience during that exceptional concert, homage to Leonid Brezhnev,
on the 15th of November, 1982.
Could there be a d�butante in the world who has never dreamed of climbing the
white marble stairs of the Great Staircase (balustrade of Algerian onyx; ten metres wide at
the base), between two rows of Republican guards as still as stone, with fiery blades,
leaning onto the arm of some stiff polytechnicien wearing a bicorne, before asking the Saint-Gobains of the Grand Foyer if really, is she not more beautiful than the most
beautiful heroine ever created by the composer of Tha�s.
Are they not moving, these Phil�mon and Baucis, straying on the ramp that leads
to the �Pavillon d�honneur� (at a time, the Emperor�s own, having become since the
Library Museum), on the way to saluting the busts of Gluck, Wagner, Debussy, Chabrier,
Saint-Sa�ns, Enesco, and to bowing before the very first great A�da, singer for the
Pharaoh Tak�lotis, mumified in her sarcophagus - they who had put up the delightful
Ninon Vallin in their Sydney bungalow for the duration of the great French singer�s tour of
the Antipodes?
Unavailable henceforth, the 80 000 volumes, 100 000 drawings, posters, booklets,
programs, files relating to works, interprets, composers or their music, all the publications
amassed since 1669; nevertheless, one can stop and contemplate the portraits of
Madeleine Guimard, Pauline Viardot, Richard Wagner (the latter painted by Renoir;
Cosima always favoured the charcoal drawing by Von Lenbach which illustrates the
programm for the historic Wagner concert within the walls of the Chateau de Mons�gur,
Foix county, on the 15th of July 1984)...
�Adieu to our little table�, will find themselves murmuring before Massenet�s table-
piano those who are inflamed by the Saint-Etienne master�s Manon, a vestal of love that
Spontini, prot�g� of the emperess Josephine, would not have disavowed; we admire his
piano here.
From la Malmaison to St-Petersburg, Diaghilev�s slippers (a gift from Serge Lifar)
tell us once more of happy years, a time when the Great Army of the Arts kept dreaming
on of that same Petitpas, until Mireille, as she was conjured up by Gounod and Mistral,
generated unanimous enthusiasm, from saintly Russia to proud Romania, as much in her
French as in her Provengal incarnation - Patti and Vaillant served her well in that matter...
1875 : LOp�ra Garnier is inaugurated at long last (the works had stalled during the
1870 war), in the presence of the Mar�chal de Mac Mahon and Madame his wife,
London�s Lord Mayor, his Majesty the king Alphonso XII of Spain and his mother Isabella,
his Majesty the king of Hanover, the Burgmeister of Amsterdam, among others of high
rank. It is said that Charles Garnier had to pay for his own seat and found himself lost in a
corner somewhere among the five levels of boxes and balconies overlooking the magnificent Italian-style th�atre, red and gold, before being called to join the officers by Mac Mahon himself.
The temple errected, the decor set, the accoustics tried and tested (and what
accoustics!) : on Tuesday the 5th of January 1875 at 8pm, as the poster states, the show
could begin, and began with the first and second acts of La Juive (Scribe and Hal�vy),
performed by Mesdames Krauss and Belval, and Messieurs Villaret, Belval, Bosauin,
Gaspard; the third and fourth acts of Hamlet (Ambroise Thomas, Carr� and Barbier) with
Mesdames Gueymard-Lauters, Nilsson-Rouzeaux, and Messieurs Faure, Gailhard,
Bataille, and Dieu; then came �la F�te du Printemps� and �la sc�ne de l'Eglise� in Faust
(Gounod, Barbier, Carr�), one of the most poignant moments of the piece with Mme.
Nilsson-Rouzeaux performing as Marguerite and M. Faure; the grandiose soir�e ended
with the ballet La Source (first tableau, second act) and the overture of Porticis La
Muette. The show could go on.
From the start however, economic hurdies would render the running of the Palais
Garnier rather difficult. It may be of interest to a contemporary audience to get an idea of
the balance between income and expenditures during the first ten years of our foremost
national scene.
Charles Garnier lived until 1898. Unlike Meissonnier and Gounod, he never got a
national funeral. Instead, the government sent 500 francs to his family. Charles Garnier
had no more learned the ways of the Republic than he had those of the royal court.
Claude d�Esplas Translation : Charlotte Monteil
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Das Palais Garnier
Von den Konten Haussmanns zu den Erz�hlungen Hoffmanns
� Es ist das Eigentliche der Oper, Geist, Augen und Ohren gleichermassen zu
bezaubern�, sagte schon La Bruy�re. Am 15. August 1867 entdecken wir die Fassade des
palais Garnier mit seiner polychromen Dekoration. Seitdem haben Skulpturen, Gruppen,
allegorische Medaillons, Motive, Fresken, Gem�lde, Mosaike die k�nigliche
Musikakademie - geschaffen 1669 von Ludwig XIV. - unaufh�rlich bereichert, um ihr den
vormaligen Glanz zur�ckzugeben (der gegenw�rtige ist seit 1937 erloschen).
Die Maler Baudry, Lenepveu, Boulanger, Clairin, Harpignies, Pils, Hubert Robert,
Delaunay, Barrias, Chagall wetteifern mit den Bildhauern Falgui�re, Gumery, Chapu,
Carrier Belleuse, Schoenewerk, Alasseur, Cavalier, Salmson, Bouchard oder Carpeaux
um neue Ideen. Der japanische Besucher von heutzutage, auf seiner Weltreise in acht
Tagen (m�ge ihm Jules Verne, Generalsekret�r der Oper von Paris, vergeben!) und der
Hinterw�ldler aus dem fernsten Winkel der Vereinigten Staaten, der klugerweise seine
Gitarre zu Hause gelassen hat, betrachten gleichermassen am�siert die Tanzgruppe, die
B�sten von Gounod und von Garnier, so wie sie direkt aus der Werkstatt von Carpeaux
hervorgegangen sind, eine Werkstatt, die man am Boulevard Exelmans sehen kann, dicht
am Pont Garigliano.
Ein neapolitanisches Liebespaar bleibt instinktiv vor den Mosaiken von Salviati
stehen, die die Vorhalle schm�cken und erwartet vielleicht das O sole mio von ihrem
Caruso.
Burgundische und bigorraner Besucher staunen beim Anblick ihres Ravi�res Stein
und ihres Sarrancolin Marmor. Die Bewunderen des bescheidenen Ang�lus erheben einen
erstaunten Blick zu dem Koloss Apollon mit Leier von Aim� Millet und fragen sich, welche
Walk�re sich darauf vorbereitet, den Pegasus von Lequesne zur grossen Walhalla zu
bringen.
Die Kandelaber von Carrier-Belleuse sind aus Bronze, aus Bronze die Wahrsagerin
von Marcello; aus Erz war die Stimme der Norma, als sie vor einem Publikum von
blasierten Galliern der hohen Gesellschaft von Lutetia 1964 die Kehle von Maria Callas
zuschn�rte oder das Herz der Zuschauer der Rum�nischen Oper zerriss anl�sslich des
Ausserordentlichen Konzerts, Huldigung an Leonid Brejnev, am 15. November 1982.
Sollte es eine Deb�tantin geben, die nie davon getr�umt hat, die weissen
Marmorstufen des Grand Escalier emporzusteigen (Balustrade aus algerischem Onyx, an
der Basis 10m breit) zwischen zwei Reihen erstarrter Gardes R�publicains mit gezogenem S�bel, und dies am Arm eines steifen Absolventen der Ecole Polytechnique mit Zweispitz,
bevor sie die Saint-Gobain des Grand Foyer fragt, ob sie nicht wirklich viel sch�ner sei als
die sch�nste der Heldinnen des Komponisten von Tha�s.
Sind sie nicht r�hrend, diese Philemon und Baucis, die sich auf das Gel�nder
verirren, das zum Ehren-Pavillon f�hrt (dem des Kaisers und im Lauf der Jahre �Museum
und Bibliothek� geworden), um die B�sten von Gluck, Wagner, Debussy, Chabrier,
Saint-Sa�ns, Enesco zu gr�ssen oder sich vor der allerersten der grossen A�da zu
verneigen, eine in ihrem Sarkophag mumifizierte S�ngerin des Pharaos Takelotis, sie, die
die charmante Ninon Vallin in ihrem Bungalow in Sydney zur Zeit der Tourn�e der grossen
franz�sischen S�ngerin bei den Antipoden beherbergten?
Nicht f�r sie von nun an die 80.000 B�nde, 100.000 Zeichnungen, Plakate,
Textb�cher, Programme, Akten, die die Werke, Interpreten, Komponisten oder Partituren
von allen seit 1669 aufgef�hrten Werken betreffen; sie werden indessen stehenbleiben vor
den Portr�ts von Madeleine Guimard, von Pauline Viardot, von Richard Wagner (letzterer
von Renoir gemalt, dem Cosima immer die Kohlezeichnung Von Lenbach vorzog, die das
Programm des historischen Wagner Konzerts in den Mauern des Schlosses von
Monts�gur, Grafschaft Foix am 15. Juli 1984 illustriert)�
�Adieu notre petite table�, Leb wohl, unser kleiner Tisch, werden die von Massenets
Manon Begeisterten vor dem Tisch-Klavier des Meisters von Saint-Etienne zu murmeln
anfangen, diese Vestalin der Liebe, die der Sch�tzling der Kaiserin Josephine: Spontini,
dessen Klavier wir hier bewundern, nicht verleugnet h�tte.
Von der Malmaison bis St - Petersburg sprechen uns die Hausschuhe von Diaghilev
(Geschenk von Serge Lifar) von der gl�cklichen Epoche, als die Grosse Armee der K�nste
von ein und demselben Petitpas tr�umte, bevor die Mireille von Gounod und von Mistral,
vom heiligen Russland zum stolzen Rum�nien, sowohl in ihrer franz�sischen Version als
auch in der Urauff�hrung auf Provenzalisch - mit Hilfe von la Patti und
la Vaillant - einstimmige Begeisterung erregte�
1875 : Die Op�ra Garnier wird endlich eingeweiht (die Arbeiten hatten w�hrend des
Krieges 1870 geruht) in der Gegenwart von Marschall Mac Mahon und seiner Gattin, von
dem Lord Mayor von London, von seiner Majest�t K�nig Alfonso XII. von Spanien und
seiner Mutter Isabella, von seiner Majest�t dem K�nig von Hannover, von dem
B�rgermeister von Amsterdam und von einigen anderen grossen Namen. Charles Garnier,
so heisst es, musste f�r seinen Platz bezahlen und fand sich verloren in einem Winkel der
f�nf Etagen von Logen, die den prachtvollen Saal im italienischen Stil, Rot und Gold,
�berblicken, bevor er zum Rang der Offiziellen von Mac Mahon selbst berufen wurde.
Der Tempel war errichtet, das Dekor plaziert, die Akustik gepr�ft (und welche
Akustik !) an diesem Dienstag 5. Januar um 8h, wie es auf dem Plakat angegeben ist, die
Vorstellung konnte beginnen und sie begann mit dem 1. und 2. Akt aus Die J�din (Hal�vy Scribe) mit den Damen Krauss und Belval, den Herren Villaret, Belval, Bosquin,
Gaspard ; dem 3. und 4. Akt aus Hamlet (Ambroise Thomas, Carr� und Barbier) mit den
Damen Gaymard-Lauters, Nilsson- Rouzeaux, den Herren Faure, Gailhard, Bataille, Dieu.
Folgten dann das Fr�hlingsfest, danach die Kirchenszene aus Faust (Gounod, Barbier,
Carr�), eine der ergreifendsten Stellen der Partitur mit Mme Nilsson-Rouzeau in der Rolle
der Margarete und M. Faure. Das Ballett Die Quelle (1. Bild des 2. Akts) und die Ouvert�re
zu Die Stumme von Portici beendeten diesen grandiosen Abend. Die Schau konnte also
weitergehen.
Aber seit diesem Anfang werden wirtschaftliche Schwierigkeiten die Nutzung des
Palais Garnier recht schwierig gestalten. Es wird nicht ohne Interesse f�r das
zeitgen�ssische Publikum sein, sich selbst mittels der Tabelle von Einnahmen und
Ausgaben unserer wichtigsten nationalen B�hne im Lauf der ersten zehn Jahre ihrer
Nutzung eine Vorstellung zu machen.
Charles Garnier wird bis 1898 leben. Mangels eines Staatsbegr�bnisses wie f�r
Meissonnier und Gounod wird die Regierung seiner Familie 500F schicken.
Charles Garnier hatte die Manieren der Republik so wenig gelernt wie die des Hofs.